Arlette, j’ai raté maman !
Il paraît que tu es partie d’un arrêt cardiaque le 14 février 2017 à Faro au Portugal.
Je l’ai appris par mail le 12
mars 2017. C’était un jour sans nuages à l’horizon après que tes cendres furent
dispersées dans une rivière de la Drôme que tu chérissais tant. Toi qui affectionnais
le terme de « Clan » pour qualifier notre famille
« reconstituée », j’aurais aimé penser que tu puisses profiter de
cette occasion pour nous ressouder. Je n’ai donc pu t’accompagner vers cet
ailleurs qui a paraît-il des bienfaits d’humilité et de pardon, me laissant
ainsi définitivement seul avec mes questions qui resteront de mon vivant
définitivement sans réponses. Il faut dire que je suis habitué à ce genre de
choc pré-mortem. Avec papa, la situation fut identique à quelques lignes
scénaristiques près. Comment pourrais-je t’en vouloir ?
Nos manques de repères marqués par
des unions parentales improbables. Pour toi, l’époque était aussi aux arrangements
et les mentalités n’étaient pas celles d’aujourd’hui. Tu en a souffert dans ta chair
et ton esprit avec son lot de blessures d’enfance que tu n’auras jamais su guérir.
Belle, perdue et à la recherche d’un père que tu n’as jamais eu, tu es partie à
Abidjan exercer ton métier d’enseignante. Tu as croisé Papa malgré une
différence d'âge de plus de 20 ans. Un homme rude doté d’une discrétion
légendaire plombée par des silences de fond, des sentiments existants mais non
exprimés, une force intérieure cachée mais forte et rassurante. Un père idéal !
Il m’a fallu du temps pour comprendre.
Avec lui, pas de détours : on avance !
Arlette, dis à maman que je ne
lui en tiens pas rigueur !
Dis-lui qu’aujourd’hui, ma vérité
s’impose et que pour remède, j’ai choisi l’écriture pour raconter mon histoire.
Non, par narcissisme éhonté, mais pour qu’elle serve à ceux qui n’y croient
plus et qui s’empêchent ! Une façon de rendre hommage à ma fille, mes familles
adoptantes, les amours qui ont traversé ma vie, mes familles scéniques et
radiophoniques, et mes ami(e)s pour lesquels je n’ai pas toujours les codes
pour leur dire combien je les aime.
Maman, j'ai mis la main sur des photos de toi et de nous avec papa. Celles du début d’une histoire qui avait pourtant si bien commencé.
Je t’embrasse et à la semaine prochaine.
Ton grand fils !
Crédit photo : Arlette Buisson - Fontainebleau © 1963 Collection privée
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