« Ladies § Gentleman, please welcome on this stage …… »

« Le temps est un grand maître, il règle bien des choses. » — Pierre Corneille


1992/1994 - S’il y a un endroit où mes émotions ont oscillé entre rêve et réalité, c’est bien le Centre Pour la Promotion Musicale (CPM) à Carouge (une commune proche de Genève), lieu emblématique de la scène musicale genevoise dans les années 1990 et reconnu pour sa programmation riche et diversifiée. Haut lieu de la scène alternative et underground, le CPM a joué un rôle clé dans la vie nocturne de Genève avec une programmation locale et internationale riche et diversifiée.



Bernard Allison ©1993 Thierry Buisson - Collection privée


Une vraie plateforme pour les jeunes artistes, les groupes émergents dans des styles variés : du rock au punk, du métal au jazz, de la world musique au blues, du funk au reggae. Connu pour ses concerts intimes, son ambiance de feu et sa capacité à attirer un public passionné de la scène alternative et underground dans les années 90, le CPM a joué un rôle clé dans la vie nocturne de Genève avec ses concerts intimes, son ambiance de feu et sa capacité à attirer un public de passionnés.

Un lieu créé par un pianiste incroyable, un homme d’affaires redoutable et un vrai passionné des arts de la scène : Thierry B. Nous avions les mêmes initiales et nous étions faits pour nous rencontrer dans une période de ma vie où le besoin de me réinventer rongeait mon espace vital. La radio m’a toujours, de près ou de loin, sauvé de déroutes existentielles et souvent excessives et c’est dans le cadre de cet exercice que nous nous sommes rencontré. « Radio Tonic » à Genève cherchait des sponsors de hautes tenues, le CPM aussi.

Un partenariat est né de cette rencontre.

Puis, à force de rendez-vous et de discussions, Thierry m’a proposé d’intégrer son équipe en qualité d’animateur et communiquant du lieu m’offrant ainsi l’opportunité de façonner une identité musicale et de présentation scénique qui sortait de l’ordinaire. Décomposées en trois parties, les soirées s’articulaient sur l’avant concert, le show et l’After où la piste de danse s’enflammait

Très inspiré par les « Maitre de Cérémonies » américains et soucieux de surprendre le public dès l’entrée du lieu, j’alternais mes annonces micros entre la régie et la scène pour faire monter la pression. Puis, venait le début du spectacle. Je m’invitais dans la petite loge avant de fouler la scène pour dérouler ma présentation régulièrement avec les musiciens qui me rejoignaient en musique avant de lancer mon éternel :

« Ladies § Gentleman, please welcome on this stage : Mister, mister …… » !

Il fallait pour cela créer une complicité avec les artistes dès leur arrivée dans l’après-midi pour les balances. Des moments essentiels pour s’appréhender et rentrer dans l’intimité de chacun créant ainsi une complicité primordiale pour la réussite de la soirée. Une connivence accentuée avec le repas d’avant spectacle que nous partagions ensemble avec l’artiste, son équipe et ses musiciens dans un appartement aménagé pour la circonstance dans l’immeuble d’à côté.

Grâce au carnet d’adresses de Thierry, au génie de notre programmatrice Maï, j’ai partagé au plus prés l’intimité (pour n’en citer que quelques-uns) de : Michel Petrucciani, Luther et son fils Bernard Allison, Maceo Parker (accompagné de trois des musiciens de James Brown et du pianiste de Prince), Papa Wemba, Les Innocents, Michael Jones, Billy Cobham, Steve Coleman ou des débuts de Massilia Sound System. Le pied, quoi !

Avec Thierry, nos routes se sont séparées après trois ans de purs plaisirs avant de nous revoir dans des circonstances improbables que je ne saurai pas dévoiler, ici. Des retrouvailles qui signèrent ma reconnaissance éternelle pour ces souvenirs impérissables et cette chance d’apporter à mon métier une assurance à toute épreuve ponctuée de sensations scéniques inaliénables.

Merci !

Thierry Buisson



Staff CPM ©1992 Thierry Buisson - Collection privée

Le CPM et son équipe avec au centre Thierry B. (son créateur et directeur) et de gauche à droite : Niels (ingénieur du son newyorkais), Maï (géniale programmatrice), Roberto (barman brésilien enthousiaste et spécialiste de la Caipirinha), Brigitte (barmaid extraordinaire), votre serviteur, et Xavier (barman créatif et exalté.



Garry Wiggins ©1993 Thierry Buisson - Collection privée

Originaire de Détroit Gary Wiggins a été l’un des invités récurrents du CPM. Saxophoniste surprenant, il fait ses débuts à peine adolescents au sein de l’orchestre du bluesman Bobo Jenkins avant de rejoindre les Impacs. Avec le groupe, il accompagne en tournée les Dramatics, notamment à l’Apollo, avant de s’installer en Californie. Pendant cinq ans, il se produit sur les scènes locales, aux côtés de Eddie “Cleanhead” Vinson, Roy Brown et Big Mama Thorton, avant de partir quelques mois à Chicago aux côtés de Lefty Dizz et Sunnyland Slim. Au début des années 1980, il s’installe à Berlin où il accompagne sur disque et sur scène Arnett Cobb, Screaming Jay Hawkins, Angela Brown ou Katie Webster. Auteur de plusieurs albums sous son nom, son répertoire jazzy blues transcendera les scènes de nombreux clubs et festivals dans toute l’Europe. D'une énergie incroyable, Garry Wiggins nous a quittés il y a cinq ans !



Mix Stage ©1993 Thierry Buisson - Collection privée


Vic Pitts/Amar Sundy ©1993 Thierry Buisson - Collection privée

Avec un concert du mardi au dimanche sans discontinuer, il arrivait entre deux dates que nos artistes se rencontrent. Ici, de gauche à droite : Vic Pitts : batteur génial qui démarre sa carrière en 1962 à Milwaukee avec son groupe «Vic Pitts and the cheaters» à qui l'on doit "Down by the river" et qui verra sa notoriété grandissante grâce à des premières parties phénoménales de Frank Sinatra et Ray Charles. Après la dissolution du groupe en 1975, il accompagne Stevie Wonder, Harry Belafonte et Miriam makeba avant de s'installer au milieu des années 80 à Annemasse avec sa famille. Il devient un habitué du Montreux Jazz Festival où il fera profiter le public de ses extraordinaires talents de musiciens. Vic nous a quittés, il y a quatre ans. Amar Sundy : autodidacte issu d'une longue lignée de Touaregs, non loin de Tamanrasset (Algérie), enfant, il rejoint la France au début des années 60. Adolescent, il part s’établir à Chicago, et tourne régulièrement aux côtés d’Albert King, Albert Collins et Screamin’ Jay Hawkins avant de rejoindre l’hexagone pour enregistrer ses propres titres teintés d'une musique qui oscille entre influences afro-américaines et origines touarègues. Avec Amar, nous nous retrouverons huit ans plus tard dans un autre café-concert au Touquet dont je gérais la programmation et l’animation.



Billy Cobham © 1992 Thierry Buisson - Collection privée

Installé en Suisse à Zurich en 1993, Billy Cobham était venu au CPM pour une Master Class très particulière en trio, accompagné entre autres de Steve Coleman. Le jour de ce cliché, il revenait d’une session d’enregistrement aux Etats-Unis où il collaborait avec Peter Gabriel à la musique du film controversé de Mel Gibson « La dernière tentation du Christ ».

Dès son accueil dans notre petite loge, j’ai eu la chance de partager une petite heure, seul à seul avec l’un des créateurs du ‘Jazz Fusion’ avec Miles Davis (à la fin des années 60, début des années 70) et l’un des meilleurs batteurs au monde. Difficile de ne pas être intimidé par celui dont les collaborations avec George Duke, Stanley Clarke, Larry Carlton, Ray Barretto, George Benson, The Brothers Johnson, James Brown, Carly Simon ou Grover Washington Junior, sont des légendes.



Nathaniel "Biggie" Small © 1992 Thierry Buisson - Collection privée

Nathaniel "Biggie" Small : l'un des nombreux batteurs de Chaka Khan dans ses premières formations venu à Genève au CPM aux côtés de Paul Mac Govern et son groupe "Mr Thing".


















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