Les insomnies ont parfois du bon !



Bouleversé, magnifique, époustouflant. Comment ne pas l’être à l'issu du clap de fin de “Blonde”. Malgré 2h46 d’un film auquel je me suis accroché jusqu’à la dernière seconde, mon cœur s’est emballé. J’ai retenu ma respiration. Les larmes m’ont envahi sans que je ne m’en rende compte. Un film dur, difficile et féministe à sa manière qui ne devrait laisser personne intact, hormis quelques esprits chafouins (rompus à l’exercice) qui trouveront matière à polémiquer sur l’angle choisit par son réalisateur Andrew Dominik comme malsain, étouffant ou macabre ! 

 

Adapté du best-seller de Joyce Carol Oates, “Blonde” est une relecture audacieuse de la trajectoire de Marilyn Monroe qui s’intéresse moins à la véracité chronologique qu’à la psyché de Marylin. Son ouvrage a été conçu comme une œuvre de fiction dans laquelle de nombreux faits ne se sont jamais déroulés. Je pense au "trio" formé avec Charlie Chaplin Jr. et Edward G. Robinson Jr., ou sa relation avec JFK, ici résumée à une scène d’abus sexuel particulièrement choquante. Un chemin qui offre au réalisateur néo-zélandais l’opportunité de brouiller les frontières entre souvenirs réels et hallucinations. 

 

Il faut évidemment comprendre Norma Jean Baker décédée à l’âge de 36 ans il y a 60 ans, avant que les studios n’en fassent leur Marilyn Monroe, objet de fantasme pour nourrir la machine à rêves de l’Amérique des années 1950.  Le film dresse le portrait d’une femme blessée par les hommes qu’elle a rencontrés tout au long de sa vie. Il brouille la frontière entre réalité et fiction pour explorer l’écart de plus en plus important entre sa personnalité publique et la personne qu’elle était dans l’intimité. De son enfance par l’absence d’un père totalement idéalisé, et qu’elle cherchera à rencontrer en vain toute sa vie, d’une mère folle qui tente de la noyer et l’enferme dans un tiroir en guise de berceau. Puis il y a les producteurs qui la choisissent à loisir, les acteurs croisés sur sa route, et ses maris Joe di Maggio, et Arthur Miller qu’elle appelait tous "papa".   

 

“Blonde” est un film nécessaire pour entrevoir l’envers du décor hollywoodien qui a broyé, en 10 ans, une petite fille qui voulait juste être aimée. Rien ne vous sera épargné : les coups, les fausses couches, les avortements, les violences sexuelles que lui impose un certain JFK, les troubles psychiatriques et son addiction aux médicaments.  Une Marilyn malheureuse avec cette obsession d’être aimée pour ce qu’elle était intrinsèquement et non pour ses talents d’actrice, ou l’érotisme et la sensualité qu’elle dégageait indéniablement. 

 

Pour incarner cette blonde le réalisateur a choisi Ana de Armas, 34 ans, vue dans “Blade Runner 2049” de Denis Villeneuve ou dans le James Bond “Mourir peut attendre” de Cary Joji Fukunaga, qui est absolument époustouflante, épatante, transcendante. Bien lui en a pris.    

 

Ne vous attendez pas à un biopic mais à un désordre visuel qui contrarie, secoue, percute et fait de “Blonde” un vrai grand film de cinéma qui aurait mérité de rencontrer un large public dans les salles et pas uniquement en streaming sur Netflix.  


Thierry BUISSON



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